mardi 22 décembre 2009

Ras la choucroute de ces conneries !

On pourraient en rire mais la bétise étalées des médias à l'égard de ces sujets est à pleurer... Deux versants de la chose : on fait procès et choux gras de l'église de scientologie qui fait croire à ses adeptes qu'ils sont des extra terrestres (pure fiction) et on laisse les délires des religieux du livre (la bible) s'étaler comme si cette fiction là (tueries, fantaisies, délires paranoiaques et schizoides, magie à deux balles, pan ! pan !) était plus juste ou credible....
Hélas il n'y a rien de crédible dans ce delire de la vierge marie ou de jésus dont aucun romain lettré de l'époque ne parle parce qu'il n'a jamais existé...
Rappelons juste que nous sommes plus nombreux à être athée qu'à croire à tous ces délires !


Point de vue
Le ras-le-bol d'une citoyenne laïque, féministe et athée, par Anne Zelensky
LE MONDE | 21.12.09 | 13h51

Partout retentit le même son de cloche : les religions seraient brimées, en particulier l'islam. Tous ceux qui font l'opinion, et ceux qui la représentent, ressassent la même antienne. Le grand débat national tourne en fait autour d'une défense du religieux. Haro sur les islamophobes, sur les vilains Suisses anti-minarets, sur l'imaginaire "catho laïque"... Mais où sommes-nous donc ? En république laïque ? Ou en république théocratique ?
L'apport majeur de la laïcité - la vraie, celle qui n'est ni ouverte ni fermée, la laïcité tout court -, c'est de faire de l'espace public un lieu de partage des valeurs communes, et non un lieu d'exhibition de la différence religieuse, qui peut aller jusqu'à afficher des signes de ségrégation sexuelle. Dès lors que cette règle minimale de neutralité n'est pas respectée, on assiste à la grande empoignade en cours, qui nous égare sur des chemins dangereux, menaçant l'harmonie sociale. La loi de 1905 est une loi de pacification, nous sommes en train de l'oublier et de rouvrir un débat douloureux, où personne ne trouve son compte.
Il est temps de remettre les choses dans l'ordre, dans la grande confusion ambiante. Ce ne sont pas les religions qui sont aujourd'hui malmenées, mais la République et ses principes. Le débat a été détourné de son sens, il dérive hors des chemins de la raison. La raison qui fonde les principes républicains. Et non la foi. Or on assiste à un envahissement de notre espace par des signes et des débats où le religieux s'immisce. On est en train de tellement ouvrir la laïcité qu'on la perd de vue. Or la majorité des citoyens de ce pays ne sont pas concernés par la pratique religieuse, ils se sentent laïques, et pour la plupart athées.
Leur donne-t-on la parole ? Par qui sont-ils représentés ? Où lit-on leur ras-le-bol devant cette inflation du religieux, cette compassion obscène pour le pauvre croyant discriminé ? Il y a un Conseil français du culte musulman (CFCM). Y a-t-il un conseil supérieur de la laïcité (CSL) ? On se préoccupe plus de la défense des croyants que de celle des républicains laïques, comme si la laïcité était acquise une fois pour toutes.
Or c'est elle qui est objectivement menacée. Face à l'implantation millénaire des religions, son petit centenaire ne fait apparemment pas le poids. Fragile laïcité, esquif vaillant venu de l'esprit des Lumières, elle tangue sur la mer houleuse des credo. Elle a réussi, miracle dans l'Histoire, à dégager le spirituel de la foi, à fonder le progrès personnel sur une éthique sans péché, à soumettre la notion de respect au tamis de l'esprit critique.
Alors je demande à nos beaux esprits qui font l'opinion et qui se réfèrent au respect des cultures :
- La relégation des femmes au statut d'inférieures, avec son symbole, la burqa, est-elle digne de respect et compatible avec l'égalité des sexes inscrite dans la Constitution française ? Ont-ils idée de l'agression symbolique que représente ce suaire pour nous, femmes et féministes qui nous inscrivons dans un long combat de libération ?
- La référence obsessionnelle à un Livre fondateur, écrit il y a quatorze siècles, est-elle compatible avec le respect en l'humain, susceptible d'évolution et de progrès ? L'avenir n'a-t-il comme horizon que le passé ? Il faut que nos beaux esprits reprennent leurs esprits. L'opinion ne leur appartient pas, ils ne peuvent rester sourds à cette montée silencieuse de l'exaspération. Une exaspération, nourrie jour après jour par des prises de position univoques et bien pensantes, sans rapport avec le sentiment général. Il faut leur rappeler deux vérités incontournables.
Tout n'est pas digne de respect dans une culture, ou une religion. Le respect aveugle relève d'une démarche fondée sur la foi, pas sur la raison. L'étranger se doit de respecter les us et lois du pays d'accueil.
Le principe d'équivalence fait perdre la notion du juste. Il constitue une dérive grave de la notion d'égalité. L'idée d'équivalence est paternaliste, elle fait comme si tout le monde "il est beau, il est gentil", pour ne pas faire en sorte que tout le monde soit moins inégal. Nos beaux esprits se drapent dans leur bonne conscience de fils d'ex-colonisateurs, sans voir qu'ils continuent sur la lancée de leurs géniteurs. Bon Blanc ne saurait mentir... Démagogique à vomir, leur lamento à longueur de colonnes sur les déficits de multiculturalisme, et le retour supposé de la nation. Moi, je leur demande : comment traitent-ils à la maison leur compagne et leur femme de ménage ? Seuls comptent les actes du quotidien, et le diable gît dans les détails.
Pendant ce temps, la majorité des gens, dont ils sont coupés, et qu'ils culpabilisent à bon compte, étouffe de colère, et se défoule dans les urnes. Le Front national a de beaux jours devant lui. Le problème n'est pas l'islamophobie, mais une atteinte sournoise et grave à ce qui constitue l'identité de citoyen républicain. Rien à voir avec l'idée de nation ou la crispation identitaire.
Il s'agit de préserver les fondements universels de l'idéal républicain, si chèrement acquis : liberté, égalité, fraternité, laïcité. Ils sont encore en ébauche, tous frais émoulus de millénaires d'obscurantisme. Et voilà qu'on perd de vue l'essentiel : c'est la démocratie, en plein chantier, qu'il faut défendre et parfaire, pas les religions. Et s'il flottait dans l'air comme un climat de "républicophobie" ?

Anne Zelensky est présidente de la Ligue du droit des femmes.

Eurostar...

Parce qu'un demi, quart, de minstre dominique baudis était dans le eurostar le pouvoir declenche une enquète pour savoir pourquoi tout ces retards et dysfonctionnements....
Ah Ah AH AH AH AH....

Ca sent le sapin toute cette manipulation des médias à l'égard des politiques au service des riches qui sont aussi les propriétaires de ces mêmes médias...

hier Tahar Ben Jelloun a signé un bien beau et triste papier dans le monde sur cette fausse affaire des minarets et cette vraie source de merde qu'est le debat sur l'identité national...

Là aussi ça sent le sapin....

Qui se souvient de ce film magnifique de Tavernier : que la fête commence ! Qui se souvient du dernier plan de ce film, hein qui donc ?

lundi 21 décembre 2009

Laissez Marc Bloch tranquille, M. Sarkozy, par Suzette Bloch Nicolas Offenstadt

Un papier de Lucky, une mémoire, m'a rappeler que j'avais collecté ceci pour vous, pour nous, pour celles et ceux qui ne l'ont pas lu...




Laissez Marc Bloch tranquille, M. Sarkozy, par Suzette Bloch Nicolas Offenstadt

LE MONDE | 28.11.09 | 13h47


Petite-fille de Marc Bloch et historien médiéviste, nous avons décidé de joindre nos voix pour dire stop à l'utilisation abusive de l'historien, de l'intellectuel, du résistant Marc Bloch par le président de la République, Nicolas Sarkozy - et ceux qui l'entourent - pour habiller leurs discours idéologiques
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Un jour, moi, Suzette Bloch, j'ai demandé à mon père : "Mais comment as-tu fait pour avoir le courage physique de résister à l'occupant ?" Il m'a répondu : "Tu sais, quand tu es agressé, tu ripostes, c'est comme un réflexe, tu ne te poses même pas la question." Mon père s'appelait Louis Bloch. Il était modeste. Ses hauts faits de résistant contre les nazis et leurs auxiliaires français, je les ai appris par le récit d'autres. J'aurais pu poser la question à mon grand-père. Mais je ne l'ai pas connu. Il a été fusillé. Le 16 juin 1944. Il est tombé sous les balles allemandes. Le soir, dans un champ. A Saint-Didier-de-Formans (Ain). Il était lui aussi dans la Résistance. Il s'appelait Marc Bloch. J'aurais pu poser la question à ma grand-mère. Mais je ne l'ai pas connue. Elle est morte le 2 juillet 1944. A Lyon. De douleur, de privations, sans nouvelles de son mari, de ses fils, Etienne, Louis et Daniel, tous engagés dans l'armée de l'ombre. Elle s'appelait Simonne.

Marc, Simonne, Louis m'ont laissé une mémoire, la mémoire d'une famille qui a érigé la liberté d'esprit au rang de première des valeurs humaines. Aujourd'hui, je suis indignée. Au point où j'en arrive à surmonter la timidité que j'ai aussi reçue en héritage. Pour dire "Assez !".

Le 12 novembre à La-Chapelle-en-Vercors, dans la Drôme, le président de la République a prononcé un discours destiné à apporter sa "contribution" au débat qu'il a lancé sur l'"identité nationale", une notion qui ne s'impose en rien et qui peut servir les pires desseins idéologiques. Il en a appelé à mon grand-père à l'appui de son hymne à la France repliée, chrétienne et éternelle. "Honneur", "patrie", "fierté d'être français", "identité nationale française", "héritier de la chrétienté" : ces termes sont légion dans ce discours où le chef de l'Etat prétend décrire ce que doit être sa France, cautionnée par le "plus grand historien".

A plusieurs reprises, pendant la campagne présidentielle, il avait cru bon de citer L'Etrange Défaite, ce retour réflexif sur 1940, écrit par l'historien, qui avait été aussi combattant. Mais là, trop, c'est trop. Je suis révulsée. Pourquoi ce besoin de recourir à Marc Bloch pour se vêtir de ses qualités d'homme irréprochable. Peut-être parce qu'il faut rendre noble et acceptable un débat qui sert à la fois de courtes visées électorales et un projet idéologique de retour au "national", sans rapport aucun avec les engagements et la vision du monde, savant et citoyen, de Marc Bloch.

Je refuse que mon grand-père soit utilisé pour célébrer la patrie selon Nicolas Sarkozy, qui joue de la peur de "l'Autre". "L'étranger" ? "L'immigré" ? Toujours sommé de se justifier, forcément marginalisé par un débat centré sur l'"identité nationale", pourchassé quant il n'est pas "en règle", obligé de se cacher, de cacher ses enfants ou de travailler aux sinistres conditions du travail au noir. Quels sont ces "renoncements" qui menacent la patrie ? Toute cette phraséologie n'a rien à voir avec Marc Bloch, qui s'est battu dans un tout autre contexte contre de vrais ennemis des libertés.

"Je suis, je m'en flatte, un bon citoyen du monde et le moins chauvin des hommes. Historien, je sais tout ce que contenait de vérité le cri fameux de Karl Marx : "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !"", écrivait aussi le médiéviste dans L'Etrange Défaite, soucieux d'articuler son intense patriotisme et de plus larges horizons.

Non, moi, sa petite-fille, je ne veux pas que Marc Bloch soit instrumentalisé par Nicolas Sarkozy. Il n'aurait pas approuvé cette idéologie nationaliste malsaine. Je demande au président de laisser la pensée de mon grand-père à l'étude, à la critique, aux historiens, ainsi qu'à tous les lecteurs de ses oeuvres.

L'historien coauteur de ces lignes doit dire, avec bien d'autres, que le fameux passage cité à plusieurs reprises par le président et ses proches, et encore à La Chapelle-en-Vercors, pour faire croire que l'histoire de France s'adopte comme un tout, comme un animal de compagnie, est un détournement bien abusif. Voici la phrase exacte : "Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l'histoire de France, ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération."

Lorsqu'on remet cette phrase dans son contexte, on comprend qu'elle sert avant tout à dénoncer l'étroitesse d'esprit du patronat des années 1930, incapable de saisir l'élan des luttes ouvrières, et en particulier de celles de 1936. "Dans le Front populaire", ajoute Bloch - le vrai, celui des foules, non des politiciens -, il revivait "quelque chose de l'atmosphère du Champ de Mars, au grand soleil du 14 juillet 1790." Surtout, Marc Bloch dénonce ici l'incapacité des élites à bâtir de grands moments de rassemblement autour des idéaux démocratiques, face à ceux des régimes fascistes. Les spécialistes de Marc Bloch invitent à la prudence dans l'usage de la phrase, déjà formulée pendant la Grande Guerre. Ils en ont proposé de multiples lectures, insistant sur ce double contexte de guerre. A l'évidence, ce genre de discours d'union sacrée est un lieu commun pendant un conflit et mérite d'être entendu dans ce contexte.

Comme d'habitude, le président sort des mots et des icônes de leurs contextes et de leurs engagements pour les peindre aux couleurs du jour, les plus nationales en l'occurrence, oubliant l'époque qui les a produits, empêchant toute compréhension des enjeux du temps. Comme le note l'historien Gérard Noiriel, "alors que Nicolas Sarkozy n'a cessé de stigmatiser la pensée critique comme une menace sur l'identité nationale, Marc Bloch l'a, au contraire, toujours encouragée".

Suzette Bloch est Journaliste, petite-fille de Marc Bloch

Nicolas Offenstadt est Maître de conférences en histoire à l'université Paris-I, auteur de "L'Histoire bling-bling", Stock